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Le dieu du numérique existe bien, il s’appelle Emmanuel Jupiter !

Quand le capitalisme le plus abruti croise la bureaucratie la plus inventive, ça donne ça. Merci à Macron de nous avoir permis de vivre ce moment !

Au 6ème jour de la création, Dieu inventa les services publics et il se dit que c’était bien. Puis les prédateurs sont arrivés et ont trouvé que quand même, ça faisait un pognon de dingue, tout ça... Alors, ils ont fermé des lits d’hôpital, des guichets, des écoles, des casernes ou des bureaux... Le public, privé de son service, était prié de se connecter. Hélas, mille fois hélas, nous ne sommes pas tous des cracks du clic ! D’un côté, des utilisateurs mal équipés ou peu familiarisés, et de l’autre, des concepteurs incapables de mettre au point des sites et des outils simples, intuitifs et ergonomiques... Résultat, 13 millions de Français sont en difficulté avec le numérique (soit 1 Français sur 5 !). Notons qu’il y a peu, lorsque nous avancions le chiffre de 6 millions (chiffre tiré du rapport du défenseur des droits), on nous accusait d’exagérer, alors que maintenant, c’est le ministère lui même qui énonce ces 13 millions.

Face à ce constat alarmant pour la citoyenneté de notre pays, qu’allait faire notre bon roi ? Allait-il rouvrir des lits d’hôpital, des guichets, des écoles, des casernes ou des bureaux ? Que nenni, ces solutions sont celles de l’ancien monde ! dans le nouveau monde, on crée une Agence nationale chargée de délivrer aux manants incultes une obole sous la forme de Pass Numérique, ça c’est moderne ! Voilà donc que le budget de l’état débloque 22 millions d’euros pour offrir à 400 000 Français (pourquoi 400 000 sur 13 millions, mystère) le précieux sésame censé faire d’eux des futurs génies de l’informatique, des Bill Gates du Limousin, des Steve Jobs picards ou des Jeff Bezos bourguignons. Avec 55 € par personne, on peut avoir confiance, on file tout droit vers la civilisation du numérique, et même au-delà.

Sur le papier, notre bon roi était certain d’avoir inventé l’idée du siècle, celle qui ferait entrer le royaume dans l’ère numérique, une révolution au moins aussi importante que l’invention de la disquette 3’1/4 ! Mais voilà, à force de supprimer des emplois, il ne disposait plus d’aucune administration capable de prendre en charge et distribuer son Graal numérique. Il se retourna donc vers les collectivités locales, celles-là même à qui il réduit régulièrement les recettes, pour les charger de la diffusion du joujou présidentiel.

Et c’est là que le festival bureaucratique commence ! Car bien sûr, les Pass Numériques ont une valeur monétaire, et doivent donc être suivis comme "valeurs inactives" dans une régie... à moins que la collectivité n’en confie la gestion à tiers (privé) qui pourra lui-même confier la distribution à la collectivité... Ou, vous avez bien lu, c’est exactement prévu comme ça, nous n’inventons rien, c’est en page 5 de la note DGFIP sur le déploiement des Pass numériques. On invente un truc qu’on refile à la collectivité qui le refile à un tiers privé qui le refile à la collectivité. C’est pas beau le progrès ???

Article publié le 10 décembre 2021.


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