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Constitution Européenne : les syndicats britanniques disent NON !

Les syndicats britanniques créent la surprise en condamnant l’ex-projet de constitution, et infligent ainsi une gifle à la CES

Le congrès des syndicats britanniques (TUC) s’est réuni du 12 au 15 septembre à Brighton. Il a notamment adopté une résolution importante sur l’Europe, passée inaperçue en France, mais qui représente un tournant important pour le syndicalisme d’Outre-Manche. Prenant en compte les Non français et néerlandais, le texte "rejette" sans ambiguïté feu la constitution européenne, et se déclare préoccupé par l’éventualité que certaines de ses dispositions soient imposées par la bande : "le congrès estime que cette façon de faire son marché parmi les articles d’une Constitution européenne discréditée est illégale". Cela concerne en particulier "la mise en place d’une agence de défense pour poursuivre la militarisation de l’UE". Le texte condamne également "les politiques néolibérales impulsées par Bruxelles", ainsi que la Directive "services" (Bolkestein) toujours en projet. Le congrès dénonce enfin le programme de travail européen, qualifié "d’élitiste, militariste et antidémocratique". Il réclame que soient sauvegardés "le droit démocratique des Etats, la démocratie et la liberté".

La motion proposée aux congressistes a été présentée par le syndicat RMT (transports ferroviaires et maritimes) et soutenu par UNISON (services publics locaux). Elle a été appuyée par les quatre plus gros syndicats, dont AMICUS, qui rassemble les personnels qualifiés de l’industrie. Jusqu’à présent, ce dernier était considéré comme favorable à l’intégration européenne. Le secrétaire général de RMT, Robert Crow, a souligné que toute tentative de faire revivre la constitution mort-née "créerait un super-Etat européen soutenant le monde des affaires en vue de la privatisation des services publics". Face à ceux qui tentaient "d’adoucir" la motion au prétexte de ne pas être assimilés à l’extrême droite ou au populisme, M. Crow a notamment objecté : "je me fiche de savoir si c’est la tête de la reine ou son derrière qui figure sur les pièces d’une livre sterling. J’en veux simplement plus à dépenser". De même, le projet constitutionnel doit être examiné comme tout document : "vous l’étudiez, et vous vous posez la question de savoir si cela apporte quelque chose à la classe ouvrière. Ensuite, vous décidez si c’est oui ou non".

La direction des TUC, mise en porte-à-faux par ce vote, a tenté une mise au point. Depuis le congrès de Blackpool, en 1987, la confédération avait en effet soutenu l’Europe (même si quelques-uns de ses syndicats faisaient de la résistance). Cette année-là, le président de la Commission, Jacques Delors, était venu devant les délégués pour les convaincre que Bruxelles contrebalancerait la politique anti-sociale mise en ??uvre par Margaret Thatcher. Par ailleurs, en mai 2003, le congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) élisait le leader des TUC, John Monks, à sa tête. Or la CES s’est toujours positionnée comme un ardent partisan du traité constitutionnel. La prise de position du TUC constitue donc un cinglant désaveu pour la direction de la CES qui siège à Bruxelles, et pour son secrétaire général en particulier.
Article tiré de "la lettre de Bastille République Nations" du 7 octobre 2005, n°15

Article publié le 12 octobre 2005.


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